Vous avez dit « démadonisation » ? …!

Cette jeune femme— appelons-la Aglae !… se dit «  bloquée  sexuellement ». Elle n’a pas de désir et présente même une certaine aversion pour le sexe. Elle n’a pas d’orgasme avec son partenaire, alors que la partition en solo lui paraît jouable çà et là.
Non, c’est vraiment avec son partenaire que le problème se pose : elle avoue qu’elle craint, si elle s’abandonne, de devenir une victime sans aucun moyen de défense, au risque de se faire manipuler, voire exploiter.

Si elle acceptait l’aventure de l’exaltation sexuelle, elle imagine que la perte du contrôle d’elle-même l’amènerait à s’évanouir, ou à déborder du réel.

On peut penser qu’ Aglae présente une anxiété de démadonisation puisqu’elle hésite à  se poser comme femme sexuelle. En fait, atteindre l’orgasme signifie le passage à l’état de femme sexuée et sexuelle, donc anti-madone, ce qui peut augmenter son anxiété de féminitude (Côté et Désilets, 1992); elle peut craindre de ne pas se sentir à la hauteur comme femme, d’être jugée ou rejetée.
En gardant le contrôle durant l’excitation, elle garde l’image de la madone et risque moins le rejet ( plus celui de sa mère ou de son père que celui de son partenaire, d’ailleurs !).
Aglae  décrira un rêve de viol,  très déroutant pour elle, mais à caractère fortement excitant. Un inconnu s’introduit chez elle et la violente. Comme si, étant mère, elle ne pouvait  plus se permettre d’être une femme de plaisir, une femme sexuelle.
Le violeur symbolise alors son « désir de désirabilité. »

Elle est au carrefour du  désir de l’anti-madone, associé à une forte anxiété de démadonisation, de culpabilité, à l’effroyable désir d’être une mauvaise femme aimant le sexe, et finalement à une anxiété d’être une mauvaise mère.

Cette histoire de sainte vierge concerne aussi certains  hommes : ils sont justement excités par des femmes à l’allure respectable et pure ( jeunes filles réservées, bourgeoises BCBG…) qui se révèlent au lit exigeantes et  voluptueuses.  Ils cherchent, avec bonheur,  à démadoniser leur partenaire.

Qui se serait douté que la sainte vierge et la Bonne Mère, chère aux marseillais, pourraient inspirer un jour le vocabulaire de la sexologie clinique !

Dr Christophe Marx
Mars 2011

Pour transmettre à l’auteur votre réaction à cet article :

Retour à la liste des publications

Aucun commentaire

Réagissez au texte

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.