Quand je pense à toi, je pense à moi… Février 2019

 

Cette phrase altruiste est tirée de la célèbre chanson de Jean-Jacques Goldman pour les « Restau du cœur ». On comprend le sens qu’il a voulu lui donner.

Entrer dans une réelle générosité qui m’ouvre à m’occuper de l’autre, c’est à dire y « penser », m’apporte tant de bonheur, de maturité, de capacité de relation, d’occasion de croissance… que je suis finalement gagnant. En fait, c’est par égoïsme que je suis bienfaisant. Le retour sur investissement est positif, et c’est donc en pensant à toi que finalement cela aboutit à penser à moi.

La démonstration est convaincante, et son objectif est édifiant : c’est par égoïsme qu’il faut être généreux. Le refus d’ouvrir son cœur et son porte-monnaie n’aboutit qu’à un ratatinement cafardeux sur sa petite personne solitaire.

Cela est vrai, bel et bon.

Mais j’entends derrière ces mots deux autres interprétations moins sympathiques.

Elles macèrent cachées derrière les fagots du concept de symbiose.

 

Première version

Quand je pense à toi, au lieu de penser à moi, je te fais passer en premier, je prends une posture d’effacement et de pseudo-humilité. Ma générosité vers toi n’est pas gratuite. Elle t’installe ipso facto comme mon débiteur, d’une part.

D’autre part, elle justifie d’emblée et massivement toutes les gratifications que je m’estime en droit de recevoir étant donnée l’injustice que j’ai acceptée –et organisée, éventuellement à ton propre insu !-

Voilà donc l’autre sens de cette phrase : « Quand je pense à toi, en fait c’est pour pouvoir prendre une place, voire ta place. C’est pour me rendre indispensable, te rendre redevable à vie. L’analyse transactionnelle me décrit comme Sauveteur. Je donne pour recevoir, je donne pour bloquer, freiner, piller. »

 

Deuxième version

 

Je pense à toi soi-disant pour veiller sur toi, éviter que tu t’égares, te protéger en toute circonstances. Même si j’en ai marre,même si j’ai envie de rester au lit, même si j’ai bien le droit de m’occuper de moi… Non, je n’en ferai rien, je vais rester au aguets « pour toi ».

« Je peux ainsi te contrôler, m’emparer de ta vie, de ton emploi du temps, de tes choix.

Ton comportement est sous mon regard, tu n’es pas en danger puisque je suis à tes côtés, que je sais ce que tu risques à être toi-même.

Quand je pense à toi, fût-ce pour ta protection, je pense à moi qui peut occuper la posture incontournable d’un Parent soucieux et attentionné. Et me valoriser à bon compte à tes yeux et aux yeux de tous ! »

 

Alors certes, la générosité, la vraie, la bonne, la douce, la joyeuse… existe vraiment.

Et pourquoi pas compatible avec un retour en boomerang qui nourrit l’humanité, et donne l’espoir de vivre sur une planète plus accueillante.

Mais avant de me réjouir que l’on pense à moi, permettez que j’y regarde à deux fois.

Ce n’est pas de la suspicion… c’est de la prudence !

 

Christophe Marx

Février 2019

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