Article paru dans le journal de l’IFAT en Avril 1983
Almustaté, l’élu et le bien aimé, qui était au matin de sa propre journée, s’en revenait du Mâar-Athon, son temple préféré.
Son coeur était dilaté par la joie, comme le ventre de l’abeille se dilate lorsqu’il est chargé de pollen dispensateur de vie.
Or, voici qu’un homme s’approche et de lui et dit :
-Maître, tu nous as appris à connaître notre moi en le divisant en trois parts, multipliant ainsi la conscience que nous avions de nos échanges.
Mais faudra-t-il sans cesse réfléchir à ces choses et scruter ces trois parts, Parent, Adulte et Enfant, chez nous et ches les autres ?
Almustaté répondit alors, et le vent soufflait dans sa voix:
-Je sais que dans le moi s’exprime à jamais l’appel pressant des profondeurs.
Mais puissiez-vous continuer à prendre soin des créatures de Dieu et à protéger la vie alors que vous aurez oublié depuis des millénaires la définition du PARENT.
Que votre esprit observe et réfléchisse sans être obscurci par le désir permanent de rester dans l’ADULTE.
Soyez comme les oisillons découvrant le monde, et qui jouent entre eux dans la sécurité du nid. Ne cherchez pas l’ENFANT chez vous et chez les autres, car cette quête même est lourde et laborieuse. Et votre joie intime n’a que faire de ce travail.
Alors, l’un des disciples s’approcha tandis qu’Almustaté entrait dans le jardin et lui dit:
-Maître, mon esprit es las, et mon coeur fatigué . Sans cesse je découvre de nouveaux stratagèmes que les hommes emploient pour se faire du mal.
Moi-même, depuis longtemps instruit par toi, j’en découvre en mon âme et avec mes amis plus de dix fois entre le lever et le coucher du soleil.
Alumustaté répondit,:
-Mon ami, fais la paix avec toi. Car l’homme qui n’a pas confiance en son pas marche les yeux baissés, et srcute le chemin.
Il ne voit que des pierres et son âme est lassée car jamais son regard ne fixe l’horizon.
Ne sois pas comme cet homme, car il ne peut décider de son chemin tant sa tête est courbée vers le sol.
Et s’il vient à rencontrer un mur, il y blesse sa tête, trop occupé qu’il est à suivre le chemin.
Ami, regarde au matin le lever du soleil : donnerait-il sa majesté à quiconque ne serait pas capable de l’admirer chaque jour de sa vie ?
Ainsi donc s’il est vrai que chaque homme possède au fond de lui la force qui fait tourner les étoiles, expose tes griefs et vide lui ton coeur sans craindre par la-même d’être Persécuteur.
S’il a besoin de toi, écoute sa demande et, s’il t’en prend l’envie, réponds-lui.
Car seul serait Sauveur celui-là qui serait terrassé par la peur de n’être pas aimé.
Et si les pas du temps cognent dans ta poitrine, si la tristesse vient, sache boire à sa coupe.
Il n’est pas de Victime si ce n’est celui-là dont l’âme vit sans cesse dans la crainte de ses souvenirs.
Le soir était venu.
Almustaté avait atteint la montagne, alors que la brume se dissipait entre les rochers blancs et les cyprès.
Une femme vint, et lui dit :
– Maître, depuis que j’ai découvert le sein de ma mère, j’ai mis en place ce que serait ma vie comme l’écrivain imagine sa pièce;
Comme il est difficile pour moi d’abandonner cette conduite, et que ma peur est grande dès que je m’en écarte !
Alors il répondit :
-Regarde le tuteur supportant la jeune pousse.
Bientôt il apparaîtra comme un batonnet à côté de l’arbre vigoureux qu’il aura aidé à grandir.
Toi-même, quand tu couds, vas-tu garder sur ton vêtement les grands points qui ont servit à le bâtir ?
Peu à peu, tu les enlèveras tandis que tu les auras remplacés par une couture minutieuse et patiente.
Coup d’aiguille après coup d’aiguille, ta robe prendra forme.
Journée après journés, ta vie prendra la sienne.
Et tu mettras ton pied là où tu dois le mettre.
Mais si tu choisissais de le poser ailleurs, même cet ailleurs-là serait sur ton chemin.
Christophe Marx
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