Mais que peut – on faire pour lutter contre la violence dans les villes et leurs banlieues?
Le désoeuvrement, le chomage, l’immigration… bien sûr, tout cela semble inéluctable, et les réponses sont décevantes.
“On n’y arrivera jamais !” dit Celui Qui A Baissé les Bras, qu’on appelle familièrement CQABB. ” Tout est allé trop loin, mettons ces jeunes dans des camps, ou mettons nous nous-mêmes dans des camps retranchés, avec contrôle d’identité à l’entrée.
L’Homme de Droite se leva et dit :
-” Ne désepérez pas, j’ai la solution : terrorisons les terroristes, rééduquons les sauvageons : donnons un budget conséquent à la police, et aménageons ce qu’il faut de prisons et de maisons de redressement !Et occupons nous en priorité des victimes !”
L’Homme de Gauche se dressa d’un bond pour défendre une troisième solution :
-” Il faut être Pré-ven-tif ! Pas des policiers mais des éducateurs, qui apportent des loisirs à ces jeunes qui s’ennuient. Et puis il n’y a qu’à régler le problème du chomage et supprimer la misère, ce n’est pas compliqué, quand même..Occupons nous en priorité des délinquants !.”
Un homme prit alors la parole : il n’avait pas d’idéologie à défendre, et semblait porteur d’un certaine espoir : sa voix chaude, convaincue, ne peinait pas à se faire écouter.
Le silence se fit donc autour de lui.
Voilà ce qu’il raconta:
-” Dans la banlieue ouest d’Amsterdam, ce 23 Avril 1998, des émeutes ont opposé plusieurs centaines d’adolescents d’origine marocaine à la police.
Les Pays-Bas, champion d’un certain laxisme ne s’attendaient pas à une telle violence.
Pourtant , c’est bien dans un climat de tension et de misère, avec départ des classes moyennes que s’enfonçait le quartier de Slotervaart-Overtoomseveld.
La population immigrée en difficulté devenait de plus en plus nombreuse.
Pas question de sortir dans la rue après huit heures du soir.
En Août dernier, oui, mes amis, en 2001, j’ai vu des passants rentrer chez eux tranquillement à la nuit tombée, alors qu’une dizaine de jeunes discutait tranquillement place Allebey.
Le quartier est désormais quasiment aussi calme que s’il était résidentiel.
Que s’est -il passé entre-temps ?
Une initative née après les événements violents de 1998 : ” Les pères marocains du quartier”.
Les papas “patrouillent” dans les rues, de 20h à minuit, voire à trois heures du matin quand il faut.
Le but de ces rondes n’est pas policier ni répressif, mais de nouer des contacts avec les jeunes qui ont des problèmes, leur donner des conseils en cas de besoin et surtout recréer une fome de contrôle social afin d’éviter les actes de délinquance, vols d’autoradio, vols à la tire : tout ce que fait le quotidien si stressant de la rue.
Eventuellement, ils cherchent à rencontrer les parents.
Au début, es réactions des officiels sont mitigées : ces pères déterminés réussissent toutefois à obtenir un soutien municipal pour six mois;
A l’heure actuelle, 26 pères sont volontaires pour arpenter les rues du quartier.”
“C’est une sorte de police familiale ?” lance ironiquement une voix dans l’assistance.
-”Non, même s’ils travaillent avec les forces de proximité, les pères ne sont jamais identifiés à la police.Les jeunes savent qu’ils se battent également pour qu’on installe des lieux d’accueil qui ferment plus tard que 18h !”
En deux ans, la criminalité a baissé de 50% selon la police, alors que le couvre-feu pour mineurs et les amendes renforcées n’avaient eu aucun effet notable.
L’homme ajouta, les yeux rieurs :
“Le projet “Pères marocains du quartier” a fait des émules dans toute l’Europe. Il a été Lauréat du prix Européen pour la Prévention de la Criminalité.
Beaucoup de ces pères ont vécu en France, ou ont conservé une partie de leur famille dans l’Hexagone. Ils estiment que ce projet marcherait bien en France…”
Une autre voix, plus enfantine, celle-là , lançà , presque à mi-voix:
-” Et si les pères ils sont français, ça marcherait aussi ?”
Dr Christophe Marx
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