Bien sûr, on peut rouler sur des rails.
C’est sûr et protecteur car on sait où l’on va.
Pas question de s’éloigner de l’itinéraire, tout au plus peut-on s’arrêter et repartir.
Hormis le « stop and go », il faut renoncer à la fantaisie et à la liberté de choix.
A tout le moins, nous voilà exonérés de la responsabilité d’avoir à improviser un chemin.
Les rails ? Ce sont les obligations extérieures, les conventions, les petites trouilles et les grandes paniques, les terribles « il faut bien … », les tristes « je ne peux quand même pas… », les symbioses rances et les loyautés inutiles…
Et si l’on se risquait plutôt à naviguer ?
Libre à nous de choisir alors notre cap, de virer de bord quand bon nous semble.
Comment nous orienter toutefois sur cette immensité sans repère ?
Sans repère, vraiment ?
Levons les yeux et observons ces lumières qui clignotent au lointain, la nuit tombée.
Nous pouvons nous aider de ces phares immobiles et lumineux.
En plein jour, voilà les balises, autres repères identifiables, ces bouées signalant les dangers et jalonnant l’espace.
Nous voilà émancipés de la ligne « droite », et capables de tracer notre route.
Affranchis du rigide et ouverts au pourquoi pas.
Dégagés de la contrainte, et responsables du chemin.
Expérimentant l’autonomie souveraine du vivant accueillant le neuf.
Libres et pas dés-orientés.
Ces phares et ces balises, c’est tout ce qui met l’homme debout, le grandit, l’humanise et lui permet de prendre sa vie en main.
C’est tout ce qui l’ouvre à l’altérité, en appelant son désir à ne pas se refermer sur lui-même.
C’est l’accueil de l’adversaire, pas son élimination.
C’est la protection du plus fragile.
C’est l’acceptation de l’ambiguë fragilité de nos décisions.
Ce soir, j’aime la marine… chantait Jean Ferrat.
http://www.youtube.com/watch?v=IMIo7maD9eQ
Dr Christophe Marx
Décembre 2013
Pour donner votre avis sur cet article :
Aucun commentaire