Vous êtes plutôt gentil (ou gentille, je demande aux femmes de bien vouloir retranscrire ce masculin générique – et ceux qui vont suivre, en féminin!).
Gentil, donc, et persuadé que votre gentillesse, votre franchise frisant la transparence, votre tolérance finiront par trouver un écho chez les autres.
Certes, certaines personnes pourront vous agresser, mais vous vous faites fort de les adoucir en montrant à quel point vous n’êtes pas le moins du monde belliqueux.
Est-ce vraiment un inconvénient de donner trop à voir de vous, quitte à susciter l’envie, et à offrir les clés pour que l’autre agisse à vos dépens ?
Votre agresseur, qui craint par dessus tout d’être abandonné ou envahi, risque en plus de se sentir d’autant plus coupable que vous lui témoignez un attachement sincère, envers et contre tout.
Vous ne pensez pas sans cesse à « défendre votre territoire », que vous aimez tant partager en fait avec d’autres, car vous n’aimez pas vous sentir seul.
Certes, ce « territoire » découle d’une convention sociale et culturelle, mais vous oubliez qu’il s’agit d’abord d’un impératif biologique.
Combien de milliers de fois, avez-vous pardonné ces ingérences dans vos affaires, ces changements sans négociation, ces atteintes à votre liberté de manœuvres, ces menaces sur votre épanouissement ?
Gentil, vous êtes, gentil vous resterez.
A force, vous perdez quand même confiance en vous.
Votre attachement à l’agresseur reste intact, mais vous confirmez malgré vous une image de faiblesse.
Vous vous sentez bien seul.
Gentil mais seul.
Car l’entourage est séduit par cet agresseur qui sait si bien se faire aimer par tout le monde et qui pourtant empiète si facilement sur votre espace vital.
Les autres vont vite voir d’un mauvais œil, les allusions critiques dont vous parsemez çà et là vos propos la concernant.
Les choses deviennent paradoxale et quasi diaboliques, quand vous entendez la personne qui a pris barre sur vous- et qui ne peut se passer de votre présence !- se présenter comme une victime perpétuelle, envahie par celui ( vous !) qu’elle envie en fait si profondément.
Votre gentillesse est perçue comme de l’hypocrisie ou de la provocation.
L’autre, sans se remettre en question va finir par semer flou et incertitude, chaud et froid, amour et rejet en vous rendant responsable évidemment de cette annulation de la relation.
Décidément cette gentillesse est chère payée.
Car cette personne sait à la fois vous mettre à distance et vous garder à sa disposition.
Vous voilà minée par ses disqualifications : remarques désobligeantes, sous-entendus, messages obscurs, ton de la voix méprisant et regard glaciaux, accusations injustes et voilées…
Elle vous fait croire qu’elle sait tout de vous, et, pour vous en convaincre, va amalgamer des éléments sans lien, faire des hypothèses sur vos intentions, vous humilier…
Finira-t-elle par laisser circuler des rumeurs sur votre compte, ou prendre les autres à témoin de son malheur et de vos vicissitudes ?
Les tiers sollicités, se rallient souvent et sans s’en rendre compte au parti du séducteur.
Vous risquez même de vous sentir responsable d’un acte dont vous auriez à rougir alors qu’en réalité vous le subissez.
Irez-vous, par gentillesse et souci d’apaisement, jusqu’à vous excuser, « confirmant » à tous votre culpabilité ?
Votre velléité de remettre les pendules à l’heure, fera dire de vous ( et des rares qui vous soutiennent) que vous êtes un moralisateur.
« Qui n’est pas avec moi, est contre moi » semble être la devise de cette personne, que par ailleurs, vous aimez tant.
Ou que vous avez tant aimé, et à qui vous pensez devoir une loyauté éternelle.
Vous êtes gentil, loyal : on ne se refait pas.
Mais quand on en est prisonnier, on ne peut pas stigmatiser l’emprise ( oui, c’est bien de ce sujet que traite ce billet depuis le début !) et encore moins s’en défaire.
Le piège se verrouille parfois dramatiquement si d’aventure, vous rencontrez un thérapeute qui, se croyant malin, cherche à percer la raison pour laquelle vous êtes resté si longtemps dans les parages ! « Bourreau et victime renvoyées dos à dos, pas de fumée sans feu… » psalmodie-t-on chez les débutants.
N’allez pas regretter pourtant d’être ouvert, tolérant et généreux.
Ne laissez à personne le pouvoir de vous éloigner de ces valeurs.
Alors, gentil d’accord… mais pas trop !
Christophe Marx
Mars 2014
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