Le 19° Forum « Le Monde » – Le Mans a été consacré au thème Masculin – Féminin, le 16 Novembre 2007.
Le Monde en a rendu compte le 22 novembre 2007. Il a donné la parole aux tenants de la théorie du genre, selon laquelle la différence des sexes serait dépassable, puisque culturellement déterminée.
L’humanité ne serait donc pas divisée en hommes et femmes, mais les êtres humains se répartiraient sur un continuum masculin-féminin, indépendamment du sexe biologique.
Plus d’homme, plus de femme, partant plus de père, plus de mère.
Vous imaginez le soulagement !
Nous serions enfin libérés de l’ancestrale prison.
Voici quelques extraits significatifs des articles parus à ce sujet.
Puis l’article in extenso de Michel Schneider.
Enfin quelques statistiques sur la famille.
Du grain à moudre pour ceux qui se posent des questions sur l’avenir des relations humaines, sociales, familiales, sexuelles… et sur la pérennité des humains sur la terre !
Christophe Marx
LES ARGUMENTS DES « PRO-GENRE »
Catherine Vidal, Neurobiologiste, Institut Pasteur.
Nous avons tous des cerveaux différents : l’être social échappe au déterminisme biologique
Extraits
« … l’être humain échappe au déterminisme ( animal) . Le moment des rencontres et le choix du partenaire n’ont plus rien à voir avec les hormones, l’agressivité non plus. »
« C’est l’influence du milieu familial, social, scolaire qui va faire que l’enfant va progressivement adopter des comportements correspondant aux schémas identitaires masculins et féminins »
Patrice Maniglier
Utopies post-sexuelles
Extraits
« Les termes différentiels se rapportent latéralement, de proche en proche , à d’autres termes différentiels, par différence, avec lesquels ils se définissent, sans pouvoir dire qu’ils épuisent ainsi le champ des possibles ni jusqu’où il s’étend.
C’est pourquoi seul un axe différentiel rend compte de l’expérience de radicale et irréconciliable incomplétude de l’humanité en nous, pourtant consubstantielle à l’expérience même de nous sentir humain. En ce sens, oui, le transgenre, loin d’abolir le sexe, en révèle la vérité. »
Danièle Lochak
La droit à la différence des sexes : fait de nature ou construction sociale ?
Extraits
La différence juridique entre hommes et femmes entérine une dualité où les catégories « naturelles » constituent l’alibi de schéma culturels.
« Les audaces récentes de la Cour européenne sur la question du transsexualisme, le fait que la Charte européenne des droits fondamentaux garantisse le droit de se marier le droit de fonder une famille sans faire référence à l’homme et à la femme, ou encore que des législations nationales de plus en plus nombreuses reconnaissent le droit au mariage et à la parenté à tous les couples, inclinent à penser qu’une évolution irrésistible est en marche et qu’un jour –qui sait ? –les normes juridiques seront radicalement indifférentes au sexe. »
Elisabeth Badinter.
« L’heure est à l’acceptation de notre essentielle bisexualité psychique. (…) Le monde qui s’organise selon la différence des sexes est celui dont nous ne voulons plus »
UNE VOIX DISCORDANTE
Des sexes emboîtés
Michel Schneider
Le latin sexus vient du verbe secarer, qui signifie, couper, séparer.
Il n’y a de sexe que parce qu’il y a des sexes.
Deux.
Opposés, comme on n’ose plus dire, tant certains voudraient les voir définitivement séparés ou noyés parmi une infinité de différences. Opposés implique polarité, dualité. Il n’y a de lien que parce qu’il y a séparation, de rapprochement que pour tenter de combler une division première dont le mythe platonicien de l’androgyne coupé en deux donne la figure imaginaire.
Mais demain ?
La différence des sexes sera-t-elle encore nécessaire à la reproduction humaine ?
D’un côté une sexualité machinique ( préfigurée par l’anti-Œdipe de Deleuze et Guattari) et de l’autre une procréation machinique elle aussi ? Il semblerait que nombre d’hommes de science et de femmes d’affaire rêvent l’avenir de la reproduction selon ces modèles.
Et il est logique que ceux qui veulent qu’il y ait le moins possible de différence entre les sexes aboutissent au but—ou au résultat –qu’il n’y ait plus de rapport entre les êtres sexués.
Devant ce meilleur des mondes sans sexe(s), peut-être les psychanalystes –et les écrivains –sont ils les derniers à pouvoir redire ces vérités que la bêtise moderne refuse d’apercevoir : la différence des sexes définit une double limite. La première est biologique et anatomique : il n’existe pas de troisième sexe, et l’appartenance à un sexe ou l’autre ne se choisit pas.
Quelle que soit notre orientation sexuelle, tous nous sommes et restons soumis à la différence des sexes, tous condamnés à tenter de l’éviter.
Tout est difficile : être un homme, être une femme, un homme qui désire une femme, une femme qui désire un homme.
La méprise de la différence
Et, contrairement à ce que voudrait faire l’euphémisé et américanophile désignation des homosexuels par « gay », il n’est pas moins difficile d’être un homme qui désire les hommes ou une femme qui désire une femme. Mais tout de même, il y a des degrés dans le ratage, le déni, l’échec. Et on peut s’étonner de voir faire des théories ou des lois sur la sexualité des gens qui, manifestement, ont échoué à constituer leur identité sexuelle.
La seconde limite est culturelle et symbolique : chaque sexe se définit dans son rapport à l’autre. Si l’on cesse de définir le masculin et le féminin autrement que dans le rapport de l’un à l’autre, si l’on parle d’une féminité en soi ou d’une masculinité en soi, on se condamne à la méprise de la différence des sexes, à la fois au sens de se méprendre et de mépriser.
Les femmes d’aujourd’hui n’ont pas complètement rejeté dans une passé de domination masculine cette forme de leur désir : « Give me a reason to be a woman ».( donnez moi une raison d’être une femme ).
Les hommes, eux, semblent renoncer peu à peu non tant au désir qu’ils ont des femmes qu’à l’idée que ce désir est la clé de leur désir.
Ils ne veulent plus voir que « ce que veut la femme » — pour reprendre la question que Freud ne cessa de poser –c’est un homme. Un homme qui la veuille, qui désire qu’elle soit femme et ainsi le rende homme.
L’accouplement de l’homme et de la femme n’est pas l’accomplissement de retrouvailles.
Les deux sexes s’emboitent tant bien que mal, se complètent peu. Ils ne sont pas faits l’un pour l’autre. Mais ils se font l’un par l’autre.
Deux incomplétudes s’explorent, deux inconnus vont un temps ensemble (« Coït » vient de co-irer, cheminer ensemble ) puis se désassemblent.
Chacun s’en remet à l’autre de ce qu’il ignore de lui même, et attend de l’autre qu’il lui donne une raison d’être ce qu’il est. Give me a reason to be a man.
QUELQUES STATISTIQUES INTÉRESSANTES
Selon une enquête réalisée par Consojunior en 2007
70% des enfants vivent avec leurs deux parents. ( et donc 30% avec un seul ou aucun !)
120 000 divorces sont prononcés en moyenne en Fr ance chaque année. ( trois fois plus qu’en 1970)
15% des pères divorcés et 8,5% des pères séparés obtiennent la garde principale des enfants.
32 % des enfants ne voient plus du tout leur père après un divorce.
A 24 ans, la moitié des garçons et 30% des filles vivent encore chez leurs parents.
Après enquête téléphonique de l’Ecole des Parents IDF, 89 % des 13/18 ans se disent fiers de leur famille, 91% estiment devoir le respect à leurs parents. Le premier sujet de conflit à la maison est la scolarité, et 70% pensent que leurs parents leur consacre assez de temps.
Aux 15-25 ans, à la question « Pour vous, réussir sa vie, c’est avant tout quoi ? », ils sont 52% à répondre « fonder une famille ». La deuxième réponse (16%) est « avoir un métier à responsabilités ».
Aucun commentaire