Le petit d’homme découvre un jour que personne, pas même sa mère ne peut entrer et voir dans sa tête.
Le mensonge entre alors dans sa vie : fascinant pouvoir quand c’est lui qui le pratique mais également terreur : le voilà bien seul tout à coup, derrière l’opacité de son mensonge.
Et s’il peut mentir, les autres aussi !
De son côté, le seul problème est de ne pas se faire prendre, et de ne pas tenir compte des messages moraux appelant à la transparence totale. « Combien de Chamalow as tu dans la bouche ? »
Du côté de la victime du mensonge, tout se complique, car il est bien question d’une confiance trahie !
Surtout si le mensonge est prémédité, volontaire, maintenu dans le temps et qu’il apporte à son auteur des avantages relationnels ou matériels.
Bref, le mensonge est une horreur, mais il faut bien « faire avec » car personne ne peut s’exonérer de la menace de le proférer ou de le subir.
Alors voici un petit vademecum pour s’organiser et faire face à un monde… mensonger.
1°) Se souvenir que mentir a plusieurs définitions : mensonge actif, par omission, mensonge partiel, mensonge interprétatif…
2°) Mentir procède d’intentions diverses : le pieu mensonge qui veut épargner de faire de la peine, le mensonge pervers qui veut faire de la peine, le mensonge par culpabilité, par inconscience ( « je ne sais pas alors je dis n’importe quoi… »)… Chacun peut continuer la liste grâce à une introspection méthodique.
3°) Il est des mensonges énormes qui n’en sont pas : dans son film « La vie est belle » Roberto Benigni joue le rôle d’un prisonnier en Allemagne. Son fils de 6 ans est avec lui, et il est paniqué en écoutant le discours de l’adjudant venu donner les règles draconiennes à respecter dans le Stalag. Benigni se propose de traduire et transforme complètement les menaces terrifiante du nazi en de joyeuses recommandations ludiques. Il a menti, trahi la confiance qu’on lui faisait, mais qui prétendra qu’il a eu tort ?
4°) Ne pas être dupe : au moindre indice, penser à vérifier, recouper… Sans devenir paranoïaque, mais quand même.
5°) Si possible, s’abstenir de mentir soi-même trop souvent : après les autre s’habituent, en profitent pour en faire autant, et la parole, affaiblie par la méfiance, cesse d’être Parole et se confine au discours.
6°) Une fois constatés les dégâts d’un mensonge dévastateur proféré par un autre, il faut s’abstenir d’en tirer quoi que ce soit de négatif sur soi : la blessure narcissique peut cicatriser à condition de ne pas « confirmer » une image négative de soi, d’exprimer ses émotions à qui de droit, et d’aller se faire consoler par une personne réellement positive pour nous.
7°) Cesser de rêver à un monde entièrement transparent et sans mensonge : le Paradis Terrestre est révolu. Son retour est attendu par certains, mais la date n’est pas fixée.
8°) On peut valider l’interdit du mensonge, de la parole perverse qui détruit au lieu de mettre en lien.
A charge pour chacun de nous d’œuvrer chaque jour pour que la fragile fleur de la confiance ne soit pas piétinée par le gros sabots de l’hostilité et du mépris.
Dr Christophe Marx
Mai 2014
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