Les hommes et les femmes sont différents.
Voilà près de quinze ans que Mars, Vénus et consorts nous rebattent les oreilles de leurs observations révolutionnaires.
Avouons qu’en leur temps, elles furent bienvenues.
Certaines pépites furent même ramassées au milieu d’un flot de banalités, et l’imagerie médicale fournit d’improbables confirmations neuro-anatomiques de la différence entre le cerveau masculin et féminin.
La différence entre les hommes et les femmes sautait pourtant aux yeux de certains depuis que le monde est monde.
D’autres ne faisaient que la pressentir, et leur intuition était souvent confirmée.
Le trouble fut semé dans l’esprit des plus curieux lorsqu’ils découvrirent que certains hommes avaient un fonctionnement ( un cerveau ?) plutôt féminin, et réciproquement pour les femmes. Les hommes, en fait, pleuraient plus souvent qu’à leur tour, et les femmes se débrouillaient finalement plutôt bien avec les cartes routières.
On alla même jusqu’à prétendre que nous étions seulement des être humains, vaguement répartis sur un continuum « masculin/féminin », mais qu’il n’y avait d’hommes et de femmes que dans une vision culturelle parfaitement contingente.
Pouvait-on alors valablement diviser l’humanité en ces deux catégories radicalement incontournables ? Allions-nous défier les mythes créateurs dont le plus célèbre affirme que c’est « mâle et femelle » que la divinité nous créa ? *
Alors dans quelle mesure est-il encore pertinent de se revendiquer comme homme et femme ?
De se dédouaner de ses défauts sous prétexte qu’on les partage avec la moitié de l’humanité ?
De reprocher à l’autre ses travers au motif que c’est un trait commun à tous ses congénères ?
Faut-il miser au contraire sur une profonde homogénéité de notre nature humaine ?
Où ranger notre bon sens, certes « historiquement contingent », mais qui s’enracine si loin dans notre psychisme archaïque et qui suggère qu’un monsieur ce n’est pas une dame, à moins de faire semblant. Ou comme si.
La nouvelle génération aborde-t-elle la question des sexes autrement que naguère ?
On en douterait en lisant cette affirmation récemment proférée dans une copie d’histoire par un candidat au bac :
« Les amazones étaient comme les femmes, mais encore plus méchantes »
*Cette question, toute théorique, ne trouve de prolongements pratiques que dans de rares situations, qui resteraient dans le registre de la vie privée si l’idéologie ne venait les monter en épingle.
Christophe Marx
Septembre 2010
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