Une photo bavarde

Cette photo a été utilisée comme support d’une publicité vantant les mérites d’un médicament contre l’herpès, maladie sexuellement transmissible.
On peut supposer que le projet des publicitaires était complexe : il fallait évoquer la sexualité mais aussi ses dangers : fallait-il alors “exciter” le lecteur ou au contraire lui faire peur ?
C’est tout le débat de l’éducation sexuelle : insister sur l’aspect ludique du sexe, c’est prendre le risque de banaliser les dangers, mais dramatiser va culpabiliser et inquiéter…
Voyons donc comment cette photographie évoque tout cela à la fois… et même bien plus.

Nous voyons un couple, nu et dans l’eau jusqu’à la taille : on voit au fond le relief de la côte : ils sont dans la mer, ou dans un lac… sûrement un lieu de vacances. Le décor est planté : il s’agit bien de loisirs.
Le bas de leur corps est immergé : caché ” pudiquement ” à notre regard, mais souligné par notre imagination . L’élément liquide évoque évidemment les fluides sexuels qui s’épanchent dans l’acte d’amour.
Ce couple est évidemment en affaire sexuellement parlant : l’entrecroisement des avant-bras rappelle celui des jambes, et l’homme a les mains sur les fesses de la femme . Bien plus posées que vraiment caressantes, l’ambiguité de la situation ( sexuelle ou pas ?) vient se nicher là aussi.
La femme a les mains sur les hanches de son partenaire : elle ne l’aggripe pas vraiment ni ne le caresse : comme si elle voulait simplement le retenir près d’elle: “Reste près de moi, toi !” semble-t-elle dire…
L’élément le plus érotique, sans ambiguité et au centre géographique de la photo : ces seins, presques dressés par la pose de la jeune femme, qui frôlent la poitrine de l’homme.
Mais qui le frôlent seulement : que font-ils donc ces deux-là ?
Sont-ils en train de se préparer ou ont-ils fini ?
Sont-ils interrompus ? Je penche plutôt pour cette dernière hypothèse.
Interrompus par un élément perturbateur dont le lecteur fait partie , puisque l’homme le regarde en face.
La femme regarde ailleurs, comme si les perturbateurs étaient plusieurs.
La situation doit donc être assez grave, pour mobiliser ainsi plusieurs personnes et interrompre un couple dans ses ébats.
Interrogeons le regard : ils ont un étonnant mélange de neutralité ( presque schizoïde, compte tenu du contexte sexuel de la scène ) et de vague inquiétude, mêlée de perplexité.
On a presque l’impression qu’ils sont en train d’écouter une explication. Ils sont face à face, mais tout dans leur attitude montre qu’ils ont quitté le lien érotique.
Leur regard est si profond, qu’il est presque porteur d’un reproche : ” Vous ne voyez donc pas que vous nous dérangez ?”
Les trois zones de la photo sont donc symboliques de trois parts dans la personnalité :
La zone inférieure, cachée à nos yeux mais présente à notre imagination : c’est la part animale….
La zone moyenne : le buste.
C’est la part relationnelle et subtilement érotique.
La zone supérieure : les visages, et la réflexion ( évoquant le danger…) qui laisse la part à l’intrusion de l’extérieur dans l’intimité du couple.
Tout est dit : la sexualité est une affaire complexe.
Nous le savions, mais les publicitaires sont diablement habiles pour le dire… sans mots.

Ici encore, un couple nu, face à face, mais le contexte et le message sont bien différent.
Il s’agit de vendre un parfum pour homme, dont la bouteille au premier plan est clairement évocatrice du phallus.
Là encore, nous sommes dans un contexte de vacances, mais avec des rochers ( symbole masculin, de force et de résistance).
Le bas du corps est montré et si les bras sont parallèles, les jambes s’entrecroisent dans un simulacre presque explicite d’acte sexuel.
Les seins de la jeune femme touchent la poitrine de l’homme.
Les regards sont directs, effrontés, à peine surpris, et à la limite de l’invitation à partager les ébats.
Aucune angoisse, un érotisme affirmé avec l’écartement des cuisses de la femme enjambant celle de l’homme : le lecteur est installé dans un rôle de voyeur.
Ce parfum serait-il aphrodisiaque ?

Christophe Marx

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